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Alors que le soutien à l’agriculture atteint des niveaux record, il est nécessaire de réformer les politiques qui faussent la production et le marché

 

30/10/2023 – Sous l’effet des mesures prises par les pouvoirs publics pour protéger les consommateurs et les producteurs des répercussions des crises mondiales et de la forte inflation, le soutien total à l’agriculture a battu un nouveau record en atteignant 851 milliards USD par an au cours de la période 2020-22 dans 54 pays étudiés dans un nouveau rapport de l’OCDE. Les mesures les plus susceptibles de fausser le jeu du marché, comme les tarifs douaniers et les paiements au titre de la production, ont représenté un peu moins de la moitié de ce soutien public.

Comme le montre l’OCDE dans son nouveau rapport Politiques agricoles : Suivi et évaluation 2023, le soutien à l’agriculture est près de deux fois et demie plus élevé qu’il y a vingt ans, même s’il a moins augmenté que la production totale. Il reste par ailleurs très concentré dans quelques grandes économies productrices, puisque la Chine, l’Inde, les États-Unis et l’Union européenne représentent respectivement 36 %, 15 %, 14 % et 13 % du total.

Le soutien positif apporté aux producteurs à titre individuel s’est élevé à 630 milliards USD par an sur la période 2020-22, contre 525 milliards USD avant la pandémie de COVID-19 (2017-19). Plus de la moitié (333 milliards USD par an) a été financée par les consommateurs, au travers des tarifs douaniers et des autres mesures qui ont hissé les prix intérieurs au-dessus des prix de référence. Le reste (297 milliards USD par an) a été financé par les contribuables sous la forme de transferts budgétaires, dont des subventions à la consommation d’engrais ou d’électricité et des paiements fondés sur la production ou sur la superficie.

La majeure partie du soutien renforce les structures de production existantes. En effet, de nombreux pays continuent de recourir massivement au soutien par les prix et à d’autres formes de soutien qui sont susceptibles de fausser la production et le marché ou qui visent des produits particuliers et empêchent les systèmes de production d’évoluer. Ces formes de soutien créent de surcroît des distorsions sur les marchés internationaux, pourtant essentiels pour atténuer les effets des pénuries ou des récoltes exceptionnelles.

 

« Notre rapport phare annuel, Politiques agricoles : Suivi et évaluation, rend transparentes la nature et l’ampleur du soutien public au secteur agricole en mesurant les subventions, les tarifs douaniers et les effets d’autres formes de soutien qui faussent la production et le marché », a souligné le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann. « Ces mesures influent sur les échanges, les investissements et les lieux de production, et elles compromettent la valeur de l’accès aux marchés et les avantages des marchés concurrentiels et des régimes commerciaux ouverts. Elles peuvent de surcroît être dommageables pour l’environnement, puisqu’elles nuisent souvent à la qualité de l’eau et à la biodiversité et peuvent pousser à la hausse la consommation de ressources et les émissions de gaz à effet de serre. Des réformes s’imposent pour que le soutien public à l’agriculture et à d’autres secteurs ne fasse pas obstacle à la réalisation des objectifs climatiques mondiaux. »

Le changement climatique a un impact grandissant sur la production agricole partout dans le monde, du fait de la variabilité accrue des températures et des précipitations, des perturbations subies par les services écosystémiques et du ralentissement de la croissance de la productivité. Les phénomènes météorologiques extrêmes de type sécheresse, inondation, canicule et tempête qui frappent l’agriculture sont de plus en plus fréquents et de plus en plus graves. S’il en résulte un allongement des périodes végétatives dans certaines régions, presque partout ailleurs, il est urgent que les exploitants s’adaptent à la détérioration et à la variabilité accrue des conditions de culture.
 

Les autorités des 54 pays étudiés dans le rapport ont adopté près de 600 mesures d’adaptation au changement climatique dans le secteur agricole. Elles devront redoubler d’efforts pour dépasser le stade de la planification et s’atteler de toute urgence à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des mesures d’adaptation.

Alors que le soutien a globalement augmenté, sa part destinée aux services d’intérêt général – innovation, biosécurité, infrastructures... – est tombée à 12.5 % durant la période 2020-22, contre 16 % vingt ans plus tôt. Ces services sont pourtant essentiels pour aider les producteurs à s’adapter à des conditions climatiques modifiées et moins favorables, marquées par une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi que pour favoriser une croissance durable de la productivité.

Des politiques en faveur d’une agriculture plus résiliente devraient venir contrebalancer les efforts déployés pour aider à se relever des chocs climatiques et autres à court terme, dans le but de procéder progressivement aux ajustements voulus au gré de l’évolution des conditions à moyen terme et d’opérer la transformation requise à long terme, lorsque les systèmes existants seront devenus intenables.

L’OCDE propose un programme d’action en six points pour tout à la fois rendre l’agriculture et les systèmes alimentaires plus résilients, fournir suffisamment d’aliments abordables, sûrs et nutritifs à une population mondiale en constante augmentation, procurer des moyens de subsistance sur l’ensemble de la chaîne de valeur alimentaire et améliorer la durabilité environnementale du secteur.

  • Supprimer progressivement les mesures qui entravent l’ajustement de la production, telles que le soutien des prix et autres dispositifs spécifiques à des produits qui rigidifient les systèmes alimentaires.
  • Focaliser l’action publique dédiée à la gestion des risques agricoles sur l’information, l’accompagnement et les risques de catastrophe.
  • Investir dans des interventions ciblées qui appuient l’adaptation au changement climatique et la transition du secteur vers des systèmes agroalimentaires plus durables et plus résilients.
  • Donner la préférence aux mesures dites « sans regret » qui favorisent la résilience dans des circonstances très diverses.
  • Améliorer les systèmes de connaissances et d’innovation agricoles et les focaliser sur une croissance durable de la productivité.
  • Encourager la fourniture de biens publics comme la préservation de la biodiversité et d’autres services écosystémiques.

 

À propos du rapport de l’OCDE « Politiques agricoles : Suivi et évaluation »

Le rapport annuel de suivi et d’évaluation des politiques agricoles présente des estimations actualisées du soutien public au secteur agricole dans les 38 pays membres de l’OCDE et dans l’Union européenne dans son ensemble, ainsi que dans les grandes économies émergentes.

►   En savoir plus sur le suivi et l’évaluation des politiques agricoles à l’OCDE

 

Pour de plus amples renseignements, les journalistes sont invités à contacter M. Lawrence Speer de la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 79 70).

 

Coopérant avec plus d’une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques propres à préserver les libertés individuelles et à améliorer le bien-être économique et social des populations du monde entier.

 

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