Lancement des Perspectives de l’emploi 2021, 7 juillet 2021

 

Discours de Mathias Cormann,

Secrétaire général de l’OCDE

Paris, 7 juillet 2021

Chers collègues, amis,

Je suis heureux d'être avec vous aujourd'hui pour lancer l'édition 2021 des Perspectives de l'Emploi de l'OCDE.

La reprise économique est en marche au sein de l'OCDE.

Le PIB des pays de l'OCDE devrait augmenter de 5,25 % cette année, la croissance la plus rapide depuis près d'un demi-siècle, même si elle ne ramènera la production qu'aux niveaux de 2019.

L’embellie est aussi de mise sur les marchés du travail, en grande partie grâce aux mesures sans précédent prises par de nombreux pays de l’OCDE pour soutenir les entreprises et les ménages tout au long de la crise.

En mai 2021, le taux de chômage dans la zone OCDE s’élevait à 6.6 %, en baisse par rapport aux 8.8 % enregistrés en avril 2020, au plus fort de la première vague de la pandémie.

L’amélioration la plus notable sur le front de l’emploi est intervenue aux États-Unis, où le taux de chômage est passé d’un niveau record de près de 15 % atteint au début de la pandémie à 5.9 % en juin 2021.

Toutefois, même si elle est plus rapide que prévu, la reprise reste incomplète.

Dans les pays de l’OCDE, on compte encore plus de 8 millions de chômeurs de plus qu’avant la crise, et plus de 14 millions d’inactifs supplémentaires. Le nombre d’heures totales travaillées au premier trimestre 2021 reste inférieur de 7 % à celui du dernier trimestre 2019 et, en dépit d’un net rebond, nous estimons que les pays de l’OCDE ne renoueront pas avec les niveaux d’emploi antérieurs à la pandémie avant 2023.

La mission première de la politique économique à court terme consiste toujours à juguler la propagation du virus et à maîtriser la pandémie au moyen de mesures de santé publique efficaces — en premier lieu en vaccinant autant de personnes que possible à travers le monde.

Le redressement de l’économie et du marché du travail restera fragile tant que persisteront les disparités constatées au regard des taux de vaccination, notamment en raison des nouveaux variants du COVID-19, qui sont sources d’inquiétude.

Plus de vaccinations, c’est plus d’emplois.

Il est crucial de mettre en place un cadre d’action adapté pour encourager l'investissement des entreprises et la création d'emplois, mais aussi pour favoriser le processus nécessaire d’amélioration, de recyclage et d’adéquation des compétences afin de veiller à ce que chacun ait la possibilité de participer à la reprise et d’en tirer profit.

Alors que les pays déploient leurs plans de relance, il est essentiel de continuer à aider les familles qui en ont le plus besoin tout en ciblant les mesures budgétaires conçues pour stimuler la croissance sur les entreprises et les emplois viables dans le nouvel environnement post-COVID, afin d’inciter les entreprises à investir, avec à la clé davantage de nouveaux emplois créés.

Un retrait prématuré des aides mettrait en péril la reprise. Le maintien prolongé des mesures d’aide générales risquerait de compromettre la vigueur et la qualité de la reprise à plus long terme, en ralentissant la redistribution nécessaire du capital et de la main-d’œuvre dans l’économie.

Dans les secteurs où l’activité a redémarré, les mécanismes de marché devraient recommencer à fonctionner à plein régime, facilitant ainsi le redéploiement des travailleurs et des ressources des activités non viables vers celles qui sont en plein essor.

Il est possible de réduire les coûts à court terme des mesures de soutien budgétaire et d’améliorer leur efficacité à long terme en ciblant davantage les aides sur les secteurs, entreprises et ménages les plus vulnérables, tout en favorisant les entreprises qui démarrent et la création d’emplois.

L’édition 2021 des Perspectives de l'emploi de l'OCDE met également en lumière les défis à relever pour favoriser une reprise vigoureuse du marché du travail, ainsi que les mesures à prendre pour étayer la création d’emplois plus productifs et plus gratifiants.

Tout d’abord, en dépit des efforts de soutien déployés par les pays, la crise a frappé plus durement certains groupes vulnérables, comme les jeunes, de nombreuses femmes, les personnes peu qualifiées et les travailleurs de première ligne. Faute de mesures précisément ciblées, certaines de ces conséquences à court terme risquent de laisser des cicatrices durables.

Ainsi, au plus fort de la crise en 2020, les jeunes ont vu leurs horaires de travail très fortement réduits, près de deux fois plus que les travailleurs d’âge très actif et les travailleurs âgés. De la même manière, la moitié du nombre total d’heures de travail perdues par les travailleurs peu qualifiés au pic de la crise était liée à une hausse du chômage. À l’inverse, la baisse du nombre d’heures travaillées par les travailleurs hautement qualifiés tenait, en quasi-totalité, à une réduction du temps de travail. Les travailleurs atypiques — c’est-à-dire les travailleurs à temps partiel, temporaires ou indépendants — ont souvent eu du mal à accéder aux dispositifs de maintien dans l’emploi ou à bénéficier pleinement de l’assurance chômage, ce qui a restreint la panoplie des aides qu’ils pouvaient recevoir.

Un autre défi à relever concerne l’accélération des mutations structurelles des marchés du travail, y compris de la transition verte et numérique. Selon les données présentées dans le rapport, la plus forte contraction des offres d’emploi en ligne concerne les professions qui sont les plus exposées à l’automatisation et au vieillissement démographique. La création d’emplois dans le secteur privé par des entreprises performantes et en expansion sera essentielle à la reprise de l’emploi.

Alors, que doit-on faire ?

Les plans de relance mis en place dans les pays offrent une occasion unique de « réparer » les marchés du travail et de s’attaquer aux grands problèmes structurels, de sorte à préparer un avenir du travail plus fort et plus résilient pour tous. Les Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2021 définissent trois priorités à cet égard.

La première doit être d’assurer la mise en relation des individus et des emplois. Il s’agit notamment de soutenir la création d’emplois au moyen d’aides à l’embauche ciblées et temporaires, et d’aider les start-ups et les jeunes entreprises à se développer et à trouver les talents et les compétences dont elles ont besoin. Mais il convient aussi d’étendre les politiques actives du marché du travail afin de mettre rapidement en relation les demandeurs d’emploi et les emplois disponibles.

Environ deux tiers des pays de l’OCDE consacrent un budget accru aux services publics de l’emploi depuis le début de la crise, mais augmenter les dépenses pourrait ne pas suffire. L’affectation de ces dépenses est tout aussi importante. Il faut proposer une offre intégrée et complète de services d’emploi et de formation, qui soit personnalisée ; ces services doivent par ailleurs s’adresser aux entreprises qui créent des emplois et aux personnes les plus exposées au risque de chômage de longue durée.

La deuxième priorité consiste à investir dans des politiques efficaces dans le domaine des compétences afin d’aider les entreprises, les start-ups et les travailleurs à s’orienter vers les professions et les secteurs offrant un fort potentiel de croissance.

Il faut tout mettre en œuvre pour promouvoir une culture de l’apprentissage tout au long de la vie et lier la formation aux individus plutôt qu’à l’emploi. Il faut remédier aux obstacles à la participation aux programmes de formation, et inciter ceux qui en ont le plus besoin à y participer.

Les travailleurs qui occupent des emplois exposés à un risque élevé d’automatisation sont en effet moitié moins susceptibles de suivre une formation que les travailleurs qui exercent une profession moins exposée.

Enfin, la dernière priorité est de combler les lacunes de longue date des systèmes de protection sociale. Pendant la crise, de nombreux pays ont mis en place des aides d’urgence pour les travailleurs indépendants. Ces mesures doivent maintenant être réexaminées pour être converties en actions plus ciblées mais aussi plus systémiques, propres à assurer l’équité et à offrir des incitations au travail.

Cela implique un traitement plus neutre des différentes formes de travail, une portabilité accrue des droits, et un accès aux droits de protection sociale qui s’adapte davantage à l’évolution des besoins des personnes. Ainsi, de nombreux pays réfléchissent aux moyens d’apporter aux travailleurs indépendants une aide en cas de chômage.

Chers collègues, chers amis,

Les plans de relance COVID-19 incluent des niveaux de dépenses sans précédent, et nous devons aux générations futures de les dépenser judicieusement.

Les Perspectives de l'Emploi de l'OCDE 2021 définissent précisément des politiques pour saisir cette opportunité et construire des marchés du travail productifs, inclusifs et prêts pour l'avenir.

Merci.

 

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