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Économie

Renforcer la productivité, améliorer les soins de santé et faire progresser la transition climatique, autant de mesures qui permettront de stimuler la croissance et de relever les niveaux de vie en Estonie

 

07/05/2024 — L’économie estonienne a été durement touchée par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et par le choc sur les prix de l’énergie qu’elle a provoqué, qui a plongé le pays dans la récession. L’activité économique est maintenant en train de se redresser lentement, et l’Estonie va devoir s’atteler à la lourde tâche de rétablir au long cours une croissance plus vigoureuse, plus inclusive et plus durable : c’est ce qui ressort de la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à l’Estonie.

Selon l’OCDE, le PIB de l’Estonie, après avoir diminué de 3.1 % en 2023, devrait se contracter de 0.4 % en 2024 puis progresser de 2.6 % en 2025. La reprise, modeste, sera tirée par l’augmentation de la demande d’exportations et la hausse de l’investissement, ainsi que par la baisse des taux d’intérêt. L’inflation devrait se replier, passant des 9.1 % enregistrés en 2023 à 3.9 % en 2024 et 2.1 % en 2025. Cela étant, les risques vont tout de même dans le sens d’une révision à la baisse par rapport aux projections : une évolution moins favorable que prévu sur les marchés à l’exportation ou une aggravation des tensions géopolitiques pourraient saper la reprise.


Les auteurs de l’Étude soulignent la nécessité d’une orientation budgétaire prudente de façon à mettre en balance stabilisation de l’économie et réduction du déficit budgétaire public. Ils notent que les mesures budgétaires ont représenté un soutien important pendant la pandémie et l’épisode de flambée des prix de l’énergie. Si la dette publique a fortement augmenté, elle reste, à 19.6 % du PIB, l’une des moins élevées de la zone OCDE. Les dépenses de l’Estonie ont augmenté du fait de la hausse des dépenses consacrées à la défense, à la santé et aux prestations familiales. La mise en place d’une stratégie d’assainissement budgétaire sur la période 2024-27 pâtira de la lenteur de la reprise et de la morosité des perspectives de croissance.


Il faut faire davantage pour stimuler la productivité, préparer le système de santé à affronter les tensions budgétaires liées au vieillissement de la population et progresser sur la voie de la transition écologique. La reprise de la convergence par rapport à des économies plus avancées nécessitera des gains de productivité plus importants. Malgré la réussite de l’Estonie dans le domaine des TIC, des mesures doivent être prises pour accélérer la transition numérique et développer l’innovation et les compétences dans les entreprises, notamment grâce à une coopération plus étroite entre les secteurs public et privé de façon à accroître les investissements dans l’innovation, sachant que les dépenses consacrées à la recherche et au développement, qui étaient de 1.8 % du PIB en 2002, restent modestes.


L’état de santé et l’espérance de vie ont augmenté fortement en Estonie ces deux dernières décennies, mais le nombre d’années de vie en bonne santé reste l’un des plus faibles de la zone OCDE. La mortalité évitable — notamment liée aux maladies cardiaques et aux cancers — reste importante, les résultats observés chez les hommes âgés et les personnes à faible revenu sont particulièrement médiocres, et les disparités régionales restent élevées. Dans un contexte de rigueur budgétaire, il est probable que des financements supplémentaires seront nécessaires si l’on veut continuer d’améliorer les résultats sur le plan de la santé dans le contexte d’une population vieillissante.


Il ressort de l’Étude que le système de santé estonien est bien conçu et que les incitations qui concernent l’utilisation et l’affectation des ressources sont satisfaisantes, mais il est possible d’améliorer encore les traitements et la prévention et de mieux hiérarchiser les ressources. Former davantage de personnel infirmier et médical permettra de garantir que les citoyens estoniens puissent continuer d’avoir accès à des soins de santé.


Parce qu’elle continue de recourir aux schistes bitumineux et que ses émissions augmentent dans plusieurs secteurs, l’économie estonienne reste caractérisée par une forte intensité carbone. Accélérer la transition climatique — en réduisant de moitié, d’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 2005 — nécessitera des mesures ambitieuses de décarbonation dans l’ensemble de l’économie. Les priorités de l’action publique devraient consister notamment à moderniser le réseau électrique pour l’adapter au développement des énergies renouvelables, à réduire les émissions des véhicules en mettant en place la taxe prévue et à promouvoir les transports en commun.



On trouvera ici une Synthèse de l’Étude économique de l’Estonie reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).


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