Colloque régional sur l'élevage pastoral, N'Djaména (Tchad), 27-29 mai 2013
« L’élevage pastoral est une solution ; une solution contre l’abandon de l’espace et son accaparement par l’instabilité ; une solution à la fois sociale, économique et environnementale. Il doit être placé au cœur des stratégies et politiques de stabilisation. »
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Soulignant la nécessité de renforcer la coopération régionale, la Déclaration envoie un message important aux responsables politiques chargés des stratégies de stabilisation et de développement des espaces saharo-sahéliens : l’élevage pastoral est une solution ; une solution contre l’abandon de l’espace et son accaparement par l’instabilité ; une solution à la fois sociale, économique et environnementale. Il doit être placé au cœur des stratégies et politiques de stabilisation. L’élevage pastoral et le commerce étant parmi les principales occupations humaines légales et pacifiques des zones concernées, ils y constituent une ligne de défense essentielle contre l’insécurité par l’occupation de l’espace. De par leur présence régulière dans des zones inhabitées, les pasteurs transhumants limitent l’espace physique disponible pour les terroristes et les réseaux criminels, et la tendance à la création de « No Man’s Land » incontrôlés. Pour capitaliser sur cet avantage, la Déclaration appelle les États et les éleveurs à travailler ensemble pour renforcer les moyens de subsistance et la résilience des communautés nomades en plaçant le pastoralisme au centre des stratégies de développement et de sécurité.
La Déclaration identifie quatre axes prioritaires d’action : 1) Améliorer la gouvernance ; 2) Renforcer la résilience des sociétés pastorales ; 3) Renforcer la viabilité économique des activités d’élevage pastoral ; et 4) Renforcer la viabilité sociale des populations des espaces saharo-sahéliens. Les recommandations comprennent l’implication des pasteurs dans la gouvernance et la vie publique, un meilleur accès aux ressources naturelles et aux services sociaux de base et le renforcement de la coopération inter-étatique pour faciliter la mobilité transfrontalière. Les acteurs régionaux et internationaux se sont engagés à soutenir l’élevage pastoral afin d’améliorer la situation de sécurité et de développement au sein des zones saharo-sahéliennes.
Contexte
Il y a 40 ans, de terribles sécheresses mettaient – pour la première fois – le Sahel sous les feux de l’actualité mondiale. Cet épisode climatique désastreux débouchait sur des aides d’urgence massives et la volonté de mieux comprendre cette région pour prévenir de nouvelles crises. Aujourd’hui, les espaces saharo-sahéliens se retrouvent au centre des préoccupations internationales, cette fois du fait de l’insécurité qui y sévit. La région est désormais perçue comme une menace pour la stabilité des États de la région et la sécurité internationale. Des réponses d’urgence sécuritaires sont mises en œuvre. Nécessaires, elles engloutissent des budgets considérables et coûtents des vies. Les réponses en termes de développement à long terme sont malheureusement difficiles à formuler. Elles constituent pourtant les fondations sur lesquelles la stabilité de ces territoires immenses devra être reconstruite.
Axes de réflexion
- Réflexion historique et prospective : une analyse approfondie de l’histoire du Sahara-Sahel, de ses instabilités, de son économie et du pastoralisme ; une mise en évidence des grands enjeux actuels et à venir ; une réflexion sur le rôle de la mobilité – donc de l’élevage pastoral - face à la fluidité transnationale des menaces (la circulation des groupes mafieux et terroristes, les trafics, etc.),
- Analyse des politiques publiques : une analyse des conceptions et des modalités des politiques relatives au développement des régions saharo-sahéliennes et de promotion de l’élevage pastoral,
- Pistes d'actions : des propositions politiques et techniques pour une stratégie de promotion du pastoralisme au service de la sécurité et du développement.
Ordre du jour
- Lundi 27 mai 2013 : Ouverture du colloque
- Discours d’ouverture prononcé par M. le Premier Ministre Djimrangar Dadnadji
- Introduction aux travaux du colloque : les contributions de l’élevage pastoral et les facteurs d’insécurité
- Mardi 28 mai 2013 : Ateliers thématiques (conduits en parallèle)
- Atelier 1 : Gouvernance et sécurité – Les enjeux et l’orientation des politiques publiques
- Atelier 2 : Renforcer la résilience des sociétés pastorales - Les enjeux et l'orientation des politiques publiques
- Atelier 3 : Renforcer la viabilité économique et sociale - Les enjeux et l’orientation des politiques publiques
- Mercredi 29 mai 2013 : Restitution des ateliers en plénière et Discours de clôture
- Conférence ministérielle (en parallèle) - séquence politique du colloque aboutissant à la Déclaration de N’Djaména
Participants
Le colloque a rassemblé quelque 200 participants venant des pays de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique du Nord : experts du secteur élevage, représentants des organisations pastorales, décideurs politiques aux niveaux national et régional ainsi que partenaires au développement. Son Excellence Idriss Déby Itno, aux côtés de Ministres sahéliens et nord-africains ainsi que de représentants au plus haut niveau des communautés économiques régionales concernées, a participé à la Conférence politique de haut niveau (Conférence ministérielle) du 29 mai.
Résultats
Les débats du Colloque ont nourri la Déclaration de Nouakchott - « Mobilisons ensemble un effort ambitieux pour un pastoralisme sans frontières », approuvée le 29 octobre 2013 par six pays sahéliens et une alliance de parties prenantes sous l’égide du CILSS et de la Banque mondiale, en collaboration avec l’UA, la CEDEAO, la FAO et l’UEMOA. Selon la Déclaration de Nouakchott, la Déclaration de N’Djaména « constitue une référence majeure qui fait la synthèse des cadres existants et définit les axes prioritaires d’une politique régionale d’appui au pastoralisme associant étroitement les enjeux de développement et de sécurité. » La Déclaration de Nouakchott fait également référence à l’Alliance AGIR qui « place le pastoralisme parmi ses grandes priorités. »
APESS - Construire un réseau des organisations de l’élevage
Construire un réseau des organisations professionnelles de l’élevage
Entretien avec Aliou Ibrahima, Secrétaire genérale, APESS Les mutations profondes des systèmes pastoraux traditionnels nécessitent une capacité d’adaptation importante : la croissance démographique augmente la demande et fait pression sur les capacités de production ; toutefois la concurrence déloyale exercée par les viandes importées (« dumping ») entrave la compétitivité de la production locale. Les éleveurs ne peuvent pas faire face de façon isolée à ces défis ; d’où l’importance de la mission de l’APESS : la force des éleveurs dépend de leur capacité à se rassembler dans un mouvement de grande ampleur.
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Documents
- Déclaration de Nouakchott - « Mobilisons ensemble un effort ambitieux pour un pastoralisme sans frontières », 20 octobre 2013
- Note adoptée d'orientations pour le développement de l'élevage dans l'espace CEDEAO, février 2009
- Communiqué final du Forum régional sur l'élevage, février 2009
- « Aménagements pastoraux et organisation de la transhumance transfrontalière », composante PRIA, sous-programme, gestion améliorée des autres ressources naturelles partagées, volume 2, septembre 2009.
Élevage et marché régionale au Sahel et en Afrique de l'Ouest
Cette étude conjointe CEDEAO/CSAO, menée en collaboration avec le CILSS, l'UEMOA et le ROPPA dans le cadre de l’initiative « Potentialités et défis de l’élevage en matière de renforcement du marché régional » vise à identifier les voies et moyens pour permettre au secteur élevage de jouer effectivement son rôle de moteur de développement économique des pays pris individuellement et de participer au processus d’intégration économique régionale. |
Notes aux décideurs
À partir des analyses de l'étude régionale, le Secrétariat a produit une série de notes aux décideurs visant à faciliter la prise de décision.
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Valoriser les complémentarités régionales en matière d’élevage : Un levier pour mieux répondre à la demande croissance de produits animaux au Sahel et en Afrique de l’Ouest Avec une croissance annuelle estimée à 4 %, la demande de produits d’origine animale au Sahel et en Afrique de l’Ouest devrait augmenter de plus de 250 % d’ici 2025. Le rôle des importations dans l’approvisionnement varie également selon les zones. Peut-on satisfaire la demande régionale à des prix convenables à travers une augmentation des productions locales ? Si c’est le cas, pourquoi la demande potentielle n’est-elle pas encore satisfaite au niveau régional ? Les politiques actuelles en matière d’élevage sont-elles conformes à l’objectif de sécurité alimentaire et correspondent-elles au potentiel de production ? |
Mettre en œuvre des politiques commerciales renforçant le marché régional de produits animaux Pour garantir la pérennité et le développement des filières, il est essentiel de maîtriser les conditions d’importation des produits concurrents, incluant les sous-produits, et d’harmoniser les politiques commerciales aux frontières. L’Afrique de l’Ouest doit définir des politiques agricoles et commerciales qui lui permettent de mieux s’insérer dans le marché mondial, tout en valorisant son potentiel de production. La compétitivité de l’élevage est indéniable, mais cette filière reste peu structurée et ses coûts de transaction restent élevés (transfert du bétail vif sur de très longues distances, nombreuses tracasseries administratives). |
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Promouvoir et accompagner la transformation du pastoralisme transhumant dans les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest Au Sahel et en Afrique de l’Ouest, le pastoralisme transhumant occupe une place importante dans le secteur de l’élevage. Dans les pays sahéliens, il représente de 70 à 90 % de l’élevage bovin, et de 30 à 40 % de l’élevage des moutons et chèvres. Malgré son importance, le pastoralisme transhumant reste confronté à de graves contraintes qui menacent sa base productive. La réduction drastique des zones de pâturage due à l’extension des surfaces cultivées, l’occupation agricole des espaces pastoraux stratégiques et « l’oubli » de l’élevage dans les grands aménagements hydro-agricoles (fleuves Sénégal et Niger) nuisent à l’accès du bétail aux ressources au Sahel. |
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Renforcer le rôle des acteurs et des professionnels de l’élevage : une nécessité pour dynamiser le commerce régional Avec la réduction, voire le démantèlement, des postes de contrôle le long des axes d’échange et la suppression des taxes de douane sur le bétail destiné à l’exportation à l’intérieur de l’UEMOA, les professionnels reconnaissent que des avancées significatives ont été accomplies dans le domaine de la libre circulation des personnes et des biens. Cependant, plusieurs acteurs soulignent la persistance des « tracasseries » donnant lieu à une taxation illégale sur les routes internationales. La fluidité du commerce en souffre et, pour le consommateur final, le prix des denrées d’origine animale est plus élevé qu’il ne devrait être. En quoi les acteurs peuvent-ils contribuer à la dynamisation des filières animales au Sahel et en Afrique de l’Ouest ? Quelles mesures adopter pour renforcer les capacités des acteurs ? |
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Les sciences et technologies : une réponse aux défis futurs de l’élevage Alors que le renforcement des capacités et le développement des ressources humaines en matière de recherche sont essentiels à l’avenir de l’élevage, les politiques de recherche font l’objet d’un faible engagement. Les faibles ressources allouées à la recherche scientifique limitent le développement de technologies répondant aux besoins spécifiques de la diversité des systèmes d’élevage et de la population des éleveurs. Quelles politiques faut-il adopter pour renforcer la contribution des sciences et des technologies dans la promotion des filières animales au Sahel et en Afrique de l'Ouest ? |
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Transformation agro-alimentaire des produits animaux : Un impératif pour le renforcement du commerce intra et extra régional Une des évolutions des systèmes alimentaires africains souvent négligés est le changement des habitudes de consommation des citadins ouest-africains tourné de plus en plus vers des produits transformés. La note aux décideurs no. 6, réalisée dans le cadre de l’initiative « Potentialités et défis de l’élevage en matière de renforcement du marché régional », se concentre sur l’analyse de ce phénomène et son impact sur le commerce intra et extra-régional. Il existe un décalage entre les modes de consommation alimentaire et les systèmes de commercialisation des produits animaux qu’il faut nécessairement combler. > télécharger la note aux décideurs nº6 (0,7 Mb)
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Liens utiles
- Bénin : Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche
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- Tchad : Site Web sur le pastoralisme, animé par le Ministère des ressources animales
- Togo : Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche
Documents connexes