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Irlande

Irlande : des réformes structurelles sont nécessaires pour alléger les tensions à long terme sur les finances publiques

 

14/12/2022 - L'économie irlandaise a bien résisté à la pandémie de COVID-19, affichant à la sortie de la crise une croissance du PIB vigoureuse et une situation budgétaire solide. Cependant, la hausse de l'inflation et les incertitudes économiques mondiales liées à la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine vont freiner le rythme de la reprise, peut-on lire dans un nouveau rapport de l’OCDE.

Selon la dernière Étude économique de l’Irlande publiée par l’OCDE, la situation budgétaire de l’Irlande devrait revenir à l’équilibre en 2022, essentiellement grâce principalement aux recettes extraordinaires tirées de l'impôt sur les sociétés. Toutefois, le gouvernement devra faire face aux risques budgétaires à long terme liés aux coûts de santé et de retraite d’une population vieillissante. De plus, des investissements importants seront nécessaires pour garantir une offre adéquate de logements financièrement abordables et atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

« L'Irlande a accompli des progrès impressionnants dans le développement de son économie et le relèvement de son niveau de vie », a déclaré Mathias Cormann, Secrétaire général de l'OCDE. « Il convient maintenant d'intensifier les efforts de réforme structurelle pour que l'Irlande puisse préserver ses acquis socio-économiques face aux risques budgétaires à long terme liés à l'augmentation des coûts du vieillissement de la population et à la nécessité d'accroître la résilience aux chocs futurs. »

© Etudes économiques de l'OCDE : Irlande 2022 - Des exportations robustes continuent de soutenir la croissance économiqueLes auteurs de l’Étude recommandent d'accompagner les investissements destinés à stimuler l’offre de logements et d'accélérer la transition bas carbone par des réformes visant à réduire les obstacles réglementaires et juridiques, de façon à réduire les incertitudes et les coûts de transaction dans ces deux domaines. Ils saluent la décision des autorités d'affecter un montant de 6 milliards EUR de recettes fiscales exceptionnelles au Fonds de réserve de stabilisation (National Reserve Fund), et suggèrent de poursuivre sur cette voie. La nouvelle règle de dépenses, limitant à 5 % par an la hausse des dépenses permanentes, permettra d'améliorer la résilience aux chocs futurs, et l’Irlande pourrait envisager de la rendre plus rigoureuse en lui donnant force de loi.

La croissance du PIB réel de l’Irlande s’est inscrite à 13.4 % en 2021, portée par les exportations des multinationales implantées sur son sol, et elle devrait s’établir aux alentours de 10 % en 2022. La demande intérieure modifiée, indicateur national qui exclut les composantes volatiles des dépenses d’investissement des entreprises multinationales, a reculé de 4.8 % en 2020, mais avait retrouvé ses niveaux d'avant la pandémie au troisième trimestre de 2021.

L’Irlande n’a qu’une exposition commerciale directe limitée à la Russie et à l’Ukraine, mais les perturbations affectant les marchés mondiaux des matières premières poussent à la hausse les prix des produits alimentaires et de l’énergie. L’inflation globale a atteint 9 % en novembre, principalement sous l’effet d’une hausse de 43 % des prix de l’énergie. Avec la généralisation des tensions sur les prix, les auteurs de l’Étude anticipent que la baisse des revenus réels et la faiblesse de la confiance des consommateurs vont freiner la croissance de la demande intérieure modifiée, qui devrait ralentir à 0.9 % en 2023, qui devrait rebondir à 3.1 % en 2024. Dans la mesure où les exportations des secteurs dominés par les entreprises multinationales resteront dynamiques, en dépit d’une certaine modération, le PIB devrait augmenter de 3.8 % en 2023 et de 3.3 % en 2024. Dans un contexte où les tensions inflationnistes créent un risque pour la stabilité des prix, il est important que toute nouvelle mesure de soutien budgétaire soit temporaire et ciblée.

La résilience de l’économie irlandaise face au double choc provoqué par le COVID‑19 et la guerre d’agression déclenchée par la Russie contre l’Ukraine est le fruit des progrès accomplis par le pays ces dernières décennies en termes de développement de son économie et de hausse du niveau de vie. Grâce au caractère fortement redistributif de son système de prélèvements et de transferts, les taux de pauvreté et l’écart entre les revenus les plus faibles et les plus élevés sont parmi les plus modestes de l’OCDE. L’espérance de vie à la naissance a augmenté de façon spectaculaire et elle est aujourd’hui l'une des plus élevées de tous les pays de l’OCDE. Le système d’enseignement, de haute qualité, a permis au pays de former une main-d’œuvre solidement éduquée qui attire l’investissement étranger.

L'accent mis sur les réformes structurelles et sur la préparation à de futures tensions budgétaires qui est au centre des recommandations formulées dans l’Étude vise à garantir la pérennité de ces gains. Ceci dans une société aux prises avec une offre insuffisante de logements abordables et dont le vieillissement démographique devrait être plus rapide que dans la plupart des autres pays de l’OCDE. Pour améliorer l’offre de logements, limitée par le niveau élevé des coûts de la construction, par des pénuries de compétences et par la lourdeur de la réglementation, les auteurs de l’Étude formulent plusieurs recommandations. Celles-ci comprennent l’importance de rationaliser les processus de planification et d’examen, de vérifier que les autorités locales chargées de l’aménagement du territoire soient dotées de ressources suffisantes, et de donner la priorité à des mesures axées sur l’offre dans le cadre du programme de logement pour tous Housing for All, initiative ambitieuse lancée en 2021 par les autorités pour améliorer les plans d’occupation des sols et les plans d’urbanisme et accroître la disponibilité foncière et l’offre de logements sociaux.

Les autorités ont également lancé une vaste réforme du secteur de la santé, qui souffre de problèmes hérités du passé comme le sous-investissement, la centralisation de la prise de décision et la longueur des listes d'attente, qu’il sera difficile de résoudre rapidement. Les dépenses de santé ont augmenté et, à près de 20 % des dépenses publiques, sont désormais élevées par rapport au niveau observé dans d'autres pays de l’OCDE. Passer d’un système essentiellement axé sur les soins en milieu hospitalier, qui ne propose pas de couverture santé universelle des soins primaires, à un système permettant une meilleure intégration des soins primaires, des soins de proximité et des soins de longue durée, pourrait contribuer à des améliorations en termes d'accès et d’efficience. Améliorer la disponibilité des données, la diffusion d'informations financières et la gestion irait dans le même sens. 

 

On trouvera ici une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).

 

Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer au Bureau des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).

 

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