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Grèce

Grèce : Il faut entretenir la dynamique de réforme alors que la reprise ralentit sur fond de vents contraires au niveau mondial

 

10/01/2023 - Le rebond vigoureux de l’économie grecque consécutif à la crise liée au COVID-19 est remis en question par la flambée des prix de l’énergie et des produits alimentaires et le regain d’incertitude observé à l’échelle mondiale, selon un nouveau rapport de l’OCDE. 

D’après la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à la Grèce, les efforts persistants de réforme de ces dernières années ont constitué un déterminant essentiel de la vive reprise qu’a connu le pays après la pandémie et renforcé la position de l’économie face aux vents contraires actuels. Le produit intérieur brut (PIB) a retrouvé son niveau d’avant la pandémie, grâce à l’efficacité de l’intervention publique, au redressement du tourisme et des exportations, ainsi qu’à l’amélioration de la confiance des investisseurs et des consommateurs. La croissance de l’emploi est forte, puisque plus de 250 000 nouveaux emplois ont été créés depuis avant le début de la pandémie, si bien que le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis 12 ans, pour s’établir à 11,6 %.

Pour entretenir la reprise, il est recommandé dans l’Étude d’améliorer l’affectation des dépenses publiques, de renforcer les recettes publiques, d’améliorer le fonctionnement du marché du travail et de poursuivre les efforts déployés pour dynamiser le secteur des entreprises. 

« Les mesures énergiques et ciblées prises par la Grèce face à la pandémie de COVID-19 lui ont permis de connaître une reprise forte et rapide. Le plan de relance « Grèce 2.0 » adopté par le gouvernement jette déjà les bases solides sur lesquelles reposera la capacité du pays à relever les défis futurs », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Étude aux côtés du Premier Ministre grec, Kyriákos Mitsotákis. « Veiller à ce que cet ambitieux programme de réformes et d’investissement soit pleinement mis en œuvre contribuera à améliorer davantage les opportunités pour les entreprises et les ménages, et sera essentiel pour que l’économie grecque garde le cap d’une trajectoire de croissance durable malgré les vents contraires actuels. » 

Les réformes structurelles sont la clé de la poursuite du progrès économique et social, selon l’Étude, étant donné que les prix élevés de l’énergie et d’autres produits de base essentiels, en particulier depuis la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, freinent la reprise de la Grèce. L’inflation s’est hissée à 12,1 % en septembre 2022 – atteignant son plus haut niveau depuis 25 ans – et s’est modérée à 7,6 % en décembre, mais son niveau élevé affaiblit la demande, retarde l’investissement et efface une partie des gains de pouvoir d’achat récemment enregistrés par les ménages. Le taux de croissance du PIB devrait refluer de 5,1 % en 2022 à près de 1 % en 2023, avant de se redresser pour s’établir à un niveau proche de 2 % en 2024.

Pour amortir le choc inflationniste, le gouvernement a étoffé les subventions aux carburants et à d’autres produits énergétiques. Cela a toutefois retardé le retour du solde budgétaire primaire à l’objectif à moyen terme d’excédent compris entre 1,5 % et 2 % du PIB, ce qui pèse sur la capacité de la Grèce d’accéder à des financements moins coûteux pour investir.

Tout en réduisant des taux élevés de pauvreté élevés, l’économie grecque se caractérise encore par de nombreux laissés pour compte, indique l’Étude. La proportion de jeunes ayant un emploi est inférieure à celle observée dans d’autres pays de l’OCDE, en dépit des progrès enregistrés récemment. Bien que des réformes juridiques améliorent l’égalité entre les genres, dans la pratique, et malgré les progrès accomplis, les femmes sont relativement peu nombreuses à percevoir des revenus d’activité. La Grèce ne tire pas pleinement parti des compétences de sa main-d’œuvre née à l’étranger, alors même que dans un nombre grandissant de secteurs, les employeurs font état de difficultés de recrutement croissantes.

Le plan de réforme et d’investissement baptisé « Grèce 2.0 » adopté par le gouvernement pour la période 2021-26 vise à remédier à nombre des problèmes économiques auxquels est confronté le pays, par le biais de mesures destinées à améliorer le climat des affaires, à faire avancer la transformation numérique, à soutenir la transition vers une économie verte, ainsi qu’à renforcer la formation et les compétences. Selon l’Étude, pour concrétiser pleinement le potentiel de ce plan, il faudra mener une action concertée visant à améliorer le fonctionnement du secteur public et ses résultats, mais s’il est mis en œuvre de façon satisfaisante, il renforcera sensiblement les perspectives de croissance et les revenus. 

L’Étude contient un certain nombre de recommandations destinées à aider les pouvoirs publics à entretenir la reprise, rehausser les revenus et mener à bien la transition de l’économie vers la neutralité carbone.

Il est notamment recommandé de maintenir le ratio dette/PIB sur une trajectoire descendante en ramenant le solde budgétaire primaire à l’excédent à compter de 2023, et de revoir l’affectation des ressources budgétaires de manière à privilégier les domaines étayant la croissance économique, tels que l’enseignement, les infrastructures et les politiques actives du marché du travail.

Favoriser des modes flexibles d’organisation du travail et encourager les jeunes pères à prendre le nouveau congé de paternité rémunéré inciteraient davantage de femmes à prendre un emploi, notamment dans des domaines caractérisés par des pénuries de compétences. Faire participer davantage d’adultes à des programmes de recyclage professionnel de meilleure qualité permettrait de garantir que la main-d’œuvre dispose des compétences nécessaires pour tirer le meilleur parti des possibilités offertes par les transitions numérique et écologique.

Il faut poursuivre les efforts déployés en vue d’assainir les banques, en apurant les prêts non performants qui figurent encore à leur bilan et en reconstituant leurs fonds propres, pour financer l’investissement privé et entretenir la croissance économique. Il est important d’inciter les entreprises à investir et à se développer, pour que l’économie se renforce sur le long terme.

Mettant plus particulièrement l’accent sur la transition de l’économie vers la neutralité carbone, l’Étude souligne que les émissions de gaz à effet de serre restent considérables en Grèce. Pour remplacer les combustibles fossiles par des sources d’énergie renouvelable, il faudra que les consommateurs d’énergie investissent et s’adaptent. La transformation du système énergétique devra impérativement être efficiente en termes de coût, compte tenu de l’ampleur des investissements nécessaires à la transition vers la neutralité carbone. 

Dans l’Étude sont identifiées et examinées trois mesures clés qui pourraient réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre de la Grèce : rehausser les prix des émissions de CO2 tout en améliorant la cohérence de leur tarification, rénover les logements et rendre les transports publics plus attrayants.

On trouvera ici une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles). 

Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Stephen Di Biasio à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 97 00).

 

Coopérant avec plus d’une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques propres à sauvegarder les libertés individuelles et à améliorer le bien-être économique et social des populations du monde entier.

 

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