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Espagne

Espagne : la mise en œuvre efficace du plan de relance renforcera la reprise à la sortie de la pandémie

 

27/05/2020 - L’économie espagnole est sur la voie de la reprise mais le choc de la pandémie de COVID‑19 a mis en évidence que l’Espagne doit s’attaquer sans tarder à des problèmes structurels qui se posent de longue date. Selon un nouveau rapport de l’OCDE, si l’aide continue d’affluer vers les entreprises et les ménages les plus durement touchés, l’investissement et les réformes devraient principalement viser à stimuler la croissance de la productivité et la création d’emplois de qualité.

La dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à l’Espagne montre que les fonds affectés au plan de relance de l’UE, axés sur les investissements verts et numériques, peuvent être un facteur essentiel pour assurer une reprise durable et bâtir une économie résiliente et plus inclusive. Le plan que l’Espagne a conçu pour affecter les financements de l’UE esquisse les réformes à mener dans les domaines – tels que les politiques d’éducation, d’innovation et de concurrence – au sujet desquels l’OCDE avait formulé des recommandations dans ses précédentes Études. Donner la priorité aux investissements et réformes facilitant une croissance à long terme assurera l’utilisation la plus efficace des fonds de l’UE. Un régime de gouvernance solide, une bonne coordination des différents niveaux d’administration, tout en veillant à la transparence des procédures et des critères relatifs aux investissements, seront essentiels pour trouver un juste équilibre entre la rapidité des résultats et l’obligation de rendre des comptes.

Les auteurs de l’Étude, présentée par le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, lors d'un événement de lancement qui a eu lieu en ligne avec Mme Nadia Calviño, deuxième vice‑présidente du gouvernement espagnol et ministre des Affaires économiques et de la Transformation numérique, tablent sur un rebond de la croissance, qui devrait atteindre 5.9 % cette année et 6.3 % en 2022 – après un recul de 10.8 % en 2020 – à la faveur de la libération de la demande non satisfaite et du retour progressif du tourisme, ainsi que de l’impulsion donnée par les ressources de l’UE pour la reprise. Des risques importants entourent ces perspectives. Si la demande intérieure pourrait être plus forte que prévu sous l’effet d’une accélération des campagnes de vaccination et de l’utilisation des fonds de l’UE, l’augmentation potentielle des faillites provoquée par le retrait progressif des mesures publiques de soutien constitue un risque de révision à la baisse des prévisions.

« L’Espagne a franchi un cap après le coup que lui a porté la pandémie de COVID‑19 et voit désormais la lumière au bout du tunnel. Cela étant, il faudra du temps pour que les séquelles laissées par la pandémie se résorbent et il est essentiel de saisir cette occasion pour investir à bon escient et mener des réformes ambitieuses et bien pensées », a déclaré M. Gurría. « Le plan de relance a les atouts nécessaires pour pouvoir "changer la donne" en Espagne en plaçant la reprise du pays sur une trajectoire de reprise forte, durable et inclusive. »

© Études économiques : Espagne 2021 - Graphique : L'économie espagnole a été durement touchée par la pandémieAvant la pandémie, l’Espagne affichait une reprise vigoureuse et créatrice d’emplois, et elle avait amélioré sa résilience à la suite de la crise financière mondiale de 2008 grâce à un modèle de croissance plus équilibré et un secteur financier plus sain. La crise induite par la pandémie de COVID‑19 y a été plus lourde de conséquences que dans d’autres pays de l’OCDE en raison de la part importante des services et du tourisme dans son économie. Selon les estimations, l’activité touristique y a chuté de 75 % entre avril 2020 et mars 2021, et certaines activités de services ont été durement touchées par les règles de distanciation sociale, soit en raison de leur nature, soit en raison de la lenteur de l’adoption des technologies numériques.

En Espagne, la crise a accentué des problèmes structurels généraux comme un chômage persistant – en particulier chez les jeunes – et une proportion élevée de travailleurs sous contrat temporaire, à quoi s’ajoutent des obstacles à la croissance des entreprises et une faible croissance de la productivité. La pandémie a mis en évidence les avantages d’une économie numérique, les pays ayant adopté plus tôt que les autres les technologies numériques ayant été les mieux placés pour recourir au commerce électronique et au télétravail afin de réduire l’impact des mesures de confinement.

Les auteurs de l’Étude recommandent à l’Espagne de stimuler la croissance de la productivité au moyen de mesures visant à accélérer la transformation numérique, à favoriser l’innovation et à créer des emplois de qualité en améliorant les compétences, en aidant les demandeurs d’emploi et en faisant baisser le pourcentage de contrats temporaires. La réduction des obstacles à l’adoption et à l’utilisation des technologies, en particulier en développant l’accès encore limité à l’internet à haut débit dans les régions rurales, devrait aussi renforcer la résilience en aidant les entreprises et les travailleurs à s’adapter au monde de l’après‑pandémie.

Il ressort de l’Étude que la crise a eu un effet inégal sur les régions, qui pourrait être exacerbé par les fortes disparités régionales en matière de revenu, d’éducation et d’emploi. Pour contribuer à assurer que la reprise bénéficie au plus grand nombre possible, il faudrait proposer aux chômeurs et aux travailleurs au chômage partiel des formations professionnelles de grande qualité et recherchées, en particulier afin qu’ils acquièrent des compétences numériques, ainsi qu’une aide individuelle à la recherche d’emploi. Préserver la flexibilité du marché du travail aidera les entreprises à s’adapter à l’évolution des conditions économiques tandis qu’une restructuration rapide des entreprises viables en difficulté temporaire peut accélérer la reprise.

Même avant la crise liée au COVID‑19, l’ampleur de la dette publique et un ratio des travailleurs par rapport aux retraités qui devrait être l’un des plus élevés des pays de l’OCDE en 2050 exerçaient des tensions sur le long terme sur les finances publiques de l’Espagne. Une fois que la reprise sera bien engagée, des efforts devraient être déployés pour abaisser le ratio dette/PIB, notamment au moyen d’une stratégie d’assainissement budgétaire crédible et transparente à laquelle devraient prendre part tous les niveaux de l’administration. Il importera également de prendre des mesures adéquates et socialement acceptables afin d’assurer la viabilité budgétaire du système de retraite sur le long terme.

On trouvera dans la Synthèse de cette Étude économique ses principales conclusions et ses principaux graphiques (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).

 

Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Mme Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).

 

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