Les gouvernements consacrent chaque année des milliards au soutien à la pêche

 

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Le secteur de la pêche et de l’aquaculture apporte une contribution essentielle à la sécurité alimentaire mondiale et à l’économie maritime. Le soutien public peut renforcer cette contribution lorsqu’il concourt à la santé des stocks halieutiques et des écosystèmes, améliore la productivité de ces stocks et renforce la résilience du secteur. En revanche, lorsqu’il est mal ciblé, il peut avoir des conséquences indésirables en encourageant la constitution d’une capacité de pêche excessive susceptible de favoriser la surpêche et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). 

 

L’Examen des pêcheries 2022 de l’OCDE montre que, dans les 40 pays et économies pris en compte dans la base de données sur l’estimation du soutien à la pêche et à l’aquaculture (ESPA), les pouvoirs publics ont consacré 10.4 milliards USD par an à ce soutien durant la période 2018-20. Cela correspond à quelque 11 % de la valeur moyenne des captures débarquées dans ces pays et économies, contre environ 14 % sur la période 2012‑14.

Total du soutien au secteur de la pêche
2012-20

Source: OCDE (2022), l’Examen des Pêcheries de l’OCDE 2022.

Le niveau absolu des subventions est généralement élevé dans les grandes puissances halieutiques, mais la situation est moins tranchée si on rapporte le soutien à la taille du secteur

 

Ce sont souvent les pays au secteur halieutique le plus imposant qui accordent le plus de soutien. En 2018-20, 86 % de la totalité du soutien déclaré était le fait de six économies : la République populaire de Chine (38 %, contre un peu moins de 50 % en 2012-14), le Japon (13 %), les États-Unis (10 %), le Canada (8 %), le Brésil (6 %) et les États membres de l’UE dans leur ensemble (un peu moins de 9 %). Ces six économies occupaient également l’une des sept premières places mondiales en termes de volume total de captures, de capacité de pêche ou d’emploi.

 

En revanche, si on rapporte le montant du soutien à la taille du secteur, ce sont la Pologne, la Suède, la Slovénie, le Danemark et le Brésil qui arrivent en tête du classement sur la période 2018-20.

 

La composition du soutien public varie aussi grandement selon les pays

 

Le soutien à la pêche et à l’aquaculture passe par un grand nombre de mesures qui se distinguent par leur nature et leurs possibles effets socioéconomiques ou environnementaux. Par exemple, un soutien efficace à la gestion, au suivi, au contrôle et à la surveillance contribue directement à la santé des stocks halieutiques et à la durabilité des pêches. À l’inverse, les mesures de soutien qui augmentent les bénéfices tirés des activités de pêche ou en réduisent le coût peuvent intensifier les pressions exercées par ces activités et nuire à la santé des stocks halieutiques, de même qu’à la rentabilité et à la résilience des pêches. Par conséquent, lorsqu’on procède à des comparaisons, il est aussi instructif de distinguer les différentes catégories de mesures considérées. 

Ventilation de l’ESPA dans les différents pays et économies
2018-2020

Source: OCDE (2022), l’Examen des Pêcheries de l’OCDE 2022.

Quelle est la part du soutien qui contribue à la durabilité, et quelle est la part qui risque de nuire aux stocks halieutiques et aux moyens de subsistance des pêcheurs ?

 

Pour atteindre les objectifs socioéconomiques et assurer la durabilité des mers et des océans, il est essentiel de veiller à ce que le soutien à la pêche ne porte pas atteinte aux stocks halieutiques. L’OCDE a mis au point un outil pour aider les pouvoirs publics à évaluer le risque que leurs mesures de soutien peuvent faire peser sur la santé de ces stocks (voir description ci-dessous). Il classe les types de soutien en fonction de leur risque pour la durabilité des pêches et répertorie les facteurs susceptibles d’atténuer ce risque.

Un outil d'auto-évaluation pour identifier les politiques qui risquent d'encourager la pêche non durable
Matrix on how to achieve sustainable fisheries taken from the OECD Review of Fisheries 2022. In French.

Source: OCDE (2022), l’Examen des Pêcheries de l’OCDE 2022.

 

Examinées sous cet angle, les données de l’ESPA montrent que le risque de voir le soutien public encourager des pratiques de pêche non durables varie entre les pays de l’OCDE et les économies émergentes, et que les profils de risque sont également différents.

 

Dans l’ensemble, 42 % du soutien apporté dans les pays de l’OCDE durant la période 2018-20 ne risquait pas de favoriser une pêche non durable, dans la mesure où il s’agissait de dépenses consacrées à la gestion, au suivi, au contrôle et à la surveillance (GSCS), qui visaient à assurer la productivité et la durabilité des pêches. À l’inverse, 12 % seulement de ce soutien – essentiellement des subventions aux carburants et aux navires – risquait fort d’encourager des pratiques non durables en l’absence de gestion efficace des pêches.

 

Dans les économies émergentes, en revanche, la majorité des aides accordées en 2018‑20 (53 %) relevaient de mesures hautement susceptibles d’encourager des pratiques non durables en l’absence de gestion efficace des pêches, avec pour cible principale les carburants. Cette forme de soutien a globalement reculé depuis dix ans, en raison surtout de la réduction du soutien aux carburants en Chine.

 

Son poids est néanmoins très variable parmi les pays de l’OCDE comme parmi les économies émergentes. Et en tout état de cause, il existe des domaines où la réforme des politiques pourrait contribuer à réduire davantage encore le risque d’encourager des pratiques de pêche non durables.

 

Source: OCDE (2022), l’Examen des Pêcheries de l’OCDE 2022.

 

 


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