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Indonésie

Indonésie : il faut améliorer les compétences, renforcer les institutions et réduire les obstacles à la concurrence pour consolider la reprise après le COVID-19

 

18/03/2019 - La crise provoquée par le COVID-19 est venue interrompre deux décennies de croissance régulière et de hausse des niveaux de vie en Indonésie, provoquant la première récession enregistrée en une génération et mettant en lumière la nécessité d'améliorer les compétences, de renforcer les institutions et la gouvernance des entreprises publiques, et de réduire les obstacles à la concurrence. S'employer à relever ces défis une fois que la reprise sera sur les rails aidera l’Indonésie à bâtir une économie post-COVID-19 plus forte, plus résiliente, plus verte et plus inclusive, selon un nouveau rapport de l’OCDE.

Selon la dernière Étude économique de l’Indonésie publiée par l’OCDE, le redressement consécutif au choc économique provoqué par le COVID-19 sera progressif et dépendra de l’évolution de la situation sanitaire, sur fond de risques considérables de révision à la baisse des prévisions. Les incertitudes pèseront sur l’investissement, et dans le secteur du tourisme, l’activité restera atone pendant quelque temps. Les aides au ménages et aux entreprises devraient être poursuivies aussi longtemps que nécessaire, après quoi les efforts devront porter principalement sur les moyens d'intégrer davantage de travailleurs dans l’économie formelle, et sur l’amélioration des compétences ainsi que sur celle du climat des affaires et de l’investissement.

« L’Indonésie fait face aux difficultés les plus graves qu’elle ait connues depuis la crise de 1997. En engageant les réformes appropriées, elle peut mettre à profit l’énergie et les talents de sa population, qui est jeune, pour remettre l’économie en marche », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE M. Angel Gurría en présentant l’Étude lors de son lancement virtuel en compagnie de la ministre indonésienne des Finances, Mme Sri Mulyani Indrawati. « L’OCDE peut apporter son aide, grâce au quatrième Programme de travail conjoint pour 2022-24 qui, nous l’espérons, viendra également appuyer l’action de la Présidence indonésienne du G20 en 2022. »

D’après les prévisions présentées dans l’Étude, le PIB devrait s’inscrire en hausse de 4.9 % en 2021 et 5.4 % en 2022, après avoir chuté de 2.1 % en 2020. Par rapport aux perspectives de croissance établies avant la crise, où l'on tablait sur une hausse de 5 % pour 2020, ce recul représente un repli de 7 points de pourcentage qui touchera durement de nombreux travailleurs du secteur informel ne bénéficiant d'aucune protection sociale. Les pertes de revenu pèseront sur la consommation pendant quelque temps, mais tout redressement des échanges mondiaux serait bénéfique pour les exportateurs indonésiens, et l’amélioration du climat des affaires suite à l'adoption récente de la nouvelle loi générale sur la création d’emplois pourrait contribuer à stimuler l’investissement national et étranger.

© Etude économique de l'OCDE sur l'Indonésie 2021 - Le COVID-19 a interrompu deux décennies de croissance (graphique)

La pandémie est venue interrompre une période soutenue de croissance économique pendant laquelle le PIB par habitant a progressé, passant de l’équivalent de 19 % de la moyenne de l’OCDE en 2001 à 29 % de celle-ci en 2019. Sur la même période, la contribution de l’Indonésie au PIB de l’ASEAN a doublé, passant de 17 % à 35 %. Cette récession pourrait précipiter dans la pauvreté jusqu'à 10 millions de personnes, qui viendraient s’ajouter aux 26 millions déjà considérés comme pauvres juste avant la pandémie.

Les pénuries de compétences et le niveau élevé du chômage des jeunes constituaient déjà des sujets de préoccupation avant la pandémie. Les auteurs de l’Étude recommandent une montée en puissance de l’enseignement professionnel et de la formation des adultes, avec un accent particulier sur les compétences numériques. Un système d’enseignement préélémentaire de meilleure qualité contribuerait aussi à améliorer les performances ultérieures et à réduire les inégalités. Par ailleurs, il sera indispensable d’intégrer un plus grand nombre de personnes, notamment de femmes, de migrants internes et de travailleurs étrangers, sur le marché du travail pour atténuer les pressions dues au vieillissement de la population.

La crise a souligné la nécessité de s’attaquer de façon urgente au problème de la faiblesse des recettes fiscales de l’Indonésie. L’insuffisance de la discipline fiscale, l’existence d’exonérations généreuses et la généralisation des taux réduits, conjuguées au fait que les contribuables sont moins de 8 millions à s’acquitter de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, expliquent que le ratio recettes fiscales-PIB de l’Indonésie ressortait tout juste à 11.9 % en 2018, un niveau bien inférieur à la moyenne de l’OCDE de 34.3% et égal à la moitié de celui observé dans les économies émergentes du G20. Selon les estimations du gouvernement, les recettes fiscales pourraient avoir chuté de 20 % en 2020. Une fois que l’économie sera sortie de la récession, une augmentation des recettes tirées des impôts sur le patrimoine, qui contribuent à hauteur de 2 % au total des recettes fiscales contre 6 % dans les pays de l’OCDE, permettrait de lutter contre les inégalités de patrimoine et viendrait gonfler les budgets des collectivités locales. Relever certains taux d'imposition, par exemple sur le tabac, élargir la base d'imposition, supprimer les niches fiscales et améliorer la discipline concernant les taxes sur les ventes sont autant de mesures qui pourraient aussi aider à accroître les recettes.

Les entreprises publiques joueront un rôle essentiel dans la reprise. Malgré les conditions opérationnelles favorables dont elles bénéficient, leurs performances sont inégales, et l’augmentation de leur endettement constitue un risque qui va en s'aggravant. Les auteurs de l’Étude recommandent d'aligner la gouvernance des entreprises publiques indonésiennes sur les meilleures pratiques internationales, notamment de tenir les équipes de direction et les conseils d'administration à l’écart de toute interférence des pouvoirs publics, et de respecter des normes élevées d'intégrité, de transparence et de conduite responsable des entreprises. Simplifier la réglementation et abaisser les obstacles à la concurrence aideraient à attirer les investisseurs privés et étrangers. L’Indonésie devrait aussi préserver l’indépendance et l’autorité de sa commission nationale anticorruption (KPK) afin de garantir l’efficacité des activités de détection et de prévention ainsi que des enquêtes concernant les malversations.

Les auteurs de l’Étude recommandent également de redoubler d’efforts pour améliorer les résultats en matière d’environnement. Il est essentiel de continuer à lutter contre la déforestation en Indonésie - imputable en grande partie au défrichage par brûlis pour les plantations de palme. Il s’agit notamment de mieux protéger, réhumidifier et restaurer les tourbières et les forêts, d’augmenter les ressources allouées à la protection de l’environnement et d’établir un prix du carbone.

 

Voir une Synthèse de l’Étude économique de l’Indonésie avec les principaux graphiques et conclusions (ce lien peut être inclus dans les articles).

 

Note à l'intention des journalistes :

L'OCDE est une organisation internationale qui a son siège à Paris et dont la mission consiste à promouvoir des politiques visant à améliorer le bien-être économique et social des populations du monde entier. Travaillant avec ses pays membres et partenaires, elle offre aux pouvoirs publics une enceinte où ils peuvent conjuguer leurs efforts en vue de partager leurs expériences et de rechercher des solutions aux problèmes économiques, sociaux et de gouvernance auxquels ils sont confrontés.

Les 37 pays membres de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Chili, la Colombie, la Corée, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, Israël, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovénie, la Suède, la Suisse et la Turquie. Le Costa Rica a été officiellement invité à devenir le 38e membre de l’OCDE et sa procédure d'adhésion est en cours.

L’Indonésie est l’un des cinq partenaires clés de l’OCDE avec l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l’Inde. Les Partenaires clés contribuent aux travaux de l’OCDE de façon continue et approfondie, et sont encouragés à participer aux travaux des organes de substance de l’Organisation par le biais de partenariats, de l'adhésion à des instruments de l’OCDE et de l’intégration dans ses systèmes de notification et d’information statistique. L’Indonésie a été le premier Partenaire clé à signer, en 2012, un accord-cadre de coopération avec l’OCDE qui a permis de porter leur relation bilatérale à un niveau plus stratégique, déployé à l’échelle de l’ensemble de l’administration, et qui offre un mécanisme de décision conjointe sur des domaines de coopération mutuellement prioritaires. L’Indonésie participe en qualité de Membre associé ou de Participant à neuf comités de l’OCDE et à leurs organes de substance, a adhéré à 15 instruments juridiques de l’OCDE et elle est prise en compte dans un large éventail de publications et de bases de données statistiques de l’Organisation.

L’établissement d’un Bureau de l’OCDE à Jakarta en 2015 a permis de renforcer encore cette coopération, de même que la mise en œuvre de programmes de travail bisannuels conjoints OCDE-Indonésie depuis 2015. (Les axes de travail du troisième Programme de travail conjoint pour 2019-21 ont été ajustés de manière à tenir compte de l’impact de la crise liée au COVID-19 et des mesures prises en réponse par le gouvernement). La collaboration entre l’OCDE et l’Indonésie s’étoffera encore avec un nouveau et quatrième Programme de travail conjoint et lorsque le pays prendra la Présidence du G20 à la fin de 2021.

Pour toute information complémentaire sur les travaux menés par l’OCDE avec l’Indonésie, merci de consulter www.oecd.org/fr/indonesie/

 

Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).

 

Coopérant avec plus d’une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier.

 

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