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Économie

Dans ses Perspectives économiques intermédiaires, l’OCDE met en garde contre un ralentissement économique mondial généralisé

 

26/09/2022 - 

Suivez la retransmission en direct de la conférence de presse

 

L'économie mondiale a vu son élan freiné par les conséquences de la guerre d'agression menée par la Russie contre l’Ukraine, qui pèse sur la croissance et provoque un surcroît de tensions à la hausse sur l’inflation partout dans le monde : c’est ce qui ressort des dernières Perspectives économiques intermédiaires de l’OCDE.

Les Perspectives projettent une croissance mondiale modeste de 3 % cette année, avant un nouveau ralentissement à seulement 2.2 % en 2023. Il s’agit là d'un rythme de croissance économique bien inférieur à ce qui était projeté avant la guerre, et qui correspond à une perte de production mondiale représentant près de 2 800 milliards USD en 2023.

La guerre a eu pour effet de pousser encore à la hausse les prix de l’énergie, surtout en Europe, aggravant les tensions inflationnistes à un moment où le coût de la vie progressait déjà rapidement dans tous les pays du fait des conséquences persistantes de la pandémie de COVID-19. Dans de nombreux pays, les entreprises répercutent sur les prix l'augmentation des coûts de l’énergie, du transport et du travail, si bien que l’inflation atteint des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis les années 80, obligeant les banques centrales à resserrer les paramètres de leur politique monétaire plus rapidement qu'on ne l’escomptait.

 

Du fait du double choc d'inflation et d'approvisionnement énergétique causé par la guerre, l’OCDE a été amenée à réviser à la baisse ses prévisions antérieures de croissance au niveau mondial. La croissance annuelle du PIB devrait ainsi ralentir pour s’établir en 2023 aux alentours de ½ % aux États-Unis et de ¼ % dans la zone euro, avec des risques de recul plus sévère dans plusieurs économies européennes durant les mois d’hiver. En Chine aussi, la croissance a été affectée et devrait selon les projections se replier à 3.2 % en 2022. Si l’on excepte 2020 avec la pandémie, ce sera le taux de croissance le plus faible observé dans ce pays depuis les années 70.

Dans la plupart des pays du G20, l’inflation devrait refluer progressivement pendant toute l’année 2023, à mesure que le resserrement de la politique monétaire prendra effet et que la croissance mondiale va ralentir. L’inflation globale devrait s’atténuer, revenant de 8.2 % cette année à 6.6 % en 2023 dans les économies du G20, et reculer pour passer de 6.2 % cette année à 4 % en 2023 dans les économies avancées du G20.

« L'économie mondiale a perdu de son élan à la suite de la guerre d'agression non provoquée, injustifiable et illégale de la Russie contre l'Ukraine. La croissance du PIB est au point mort dans de nombreuses économies et les indicateurs économiques indiquent un ralentissement prolongé », a déclaré le Secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann, lors d'une présentation des Perspectives. « Les pressions inflationnistes qui étaient déjà présentes lorsque l'économie mondiale est sortie de la pandémie ont été gravement aggravées par la guerre. Cela a encore entraîné la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires qui menacent désormais le niveau de vie des habitants du monde entier. »

L’OCDE souligne les incertitudes considérables qui entourent ces perspectives économiques, avec d'importants risques de divergence à la baisse par rapport aux projections. Parmi ces risques, on peut citer la poursuite des hausses des prix des denrées alimentaires et de l’énergie qui pourrait faire basculer nombre de personnes dans la pauvreté, ou encore l’éventualité de pénuries de gaz avec l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère nord. Il sera indispensable de réduire la consommation d’énergie et de diversifier les sources d'approvisionnement pour éviter des pénuries qui pourraient faire grimper les prix mondiaux de l’énergie, mettre à mal la confiance, avec un risque d’aggraver la situation financière et de nécessiter, pendant un temps, d’imposer aux entreprises une réduction de leur consommation de gaz.

Ces chocs pourraient avoir pour effet combiné de réduire la croissance de plus de 1¼ point de pourcentage dans les économies européennes en 2023 par rapport à la projection centrale retenue dans les Perspectives, et de pousser l’inflation de plus de 1½ point de pourcentage. De nombreux pays pourraient ainsi tomber en récession sur l’ensemble de l’année 2023, et la croissance du PIB pourrait aussi en être affaiblie en 2024.

Parmi les autres risques majeurs figurent l’ajustement en cours du marché immobilier chinois qui, conjugués au niveau élevé de dette des entreprises chinoises ainsi qu'à la poursuite de la politique de zéro COVID menée par le pays, pourraient provoquer un ralentissement plus sévère que prévu dans la deuxième plus grande économie du monde. Ces risques viennent s'ajouter au coût prolongé des tensions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ainsi qu’à l'éventualité de phénomènes de crise de la dette et de contagion financière dans de nombreuses économies émergentes ou à faible revenu. 

Dans la plupart des grandes économies, un resserrement additionnel de la politique monétaire sera nécessaire pour garantir une réduction durable des tensions inflationnistes. Ces mesures devront être soigneusement calibrées compte tenu des incertitudes qui entourent le rythme auquel le relèvement des taux d’intérêt produira ses effets ainsi que les retombées de ce durcissement dans le reste du monde.

Des aides budgétaires peuvent contribuer à amortir l'impact des coûts élevés de l’énergie sur les ménages et les entreprises, mais elles devraient être concentrées sur les plus vulnérables et ne pas remettre en cause les incitations à réduire la consommation d'énergie. Il faut absolument éviter que les mesures budgétaires destinées à préserver les niveaux de vie exercent un effet de relance durable dans un contexte d’inflation élevée. En règle générale, des transferts aux ménages sous condition de ressources remplissent cet objectif.

Gérer la crise énergétique nécessite de redoubler d’efforts pour garantir des sources d'approvisionnement diversifiées tout en veillant à ce que tous les secteurs de l'économie soient incités à réduire leur demande. Il est aussi urgent que les pouvoirs publics accélèrent les investissements dans la sécurité énergétique et investissent dans la transition verte.

Pour lire le rapport dans son intégralité et obtenir de plus amples informations, vous pouvez consulter les Perspectives économiques de l’OCDE en ligne. Les journalistes souhaitant obtenir des informations sont invités à contacter le Bureau des médias de l’OCDE (tél. : +33 (0)1 45 24 97 00).

 

Coopérant avec plus d’une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour préserver les libertés individuelles et améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier.

 

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